Chroniques des années noires de Kim Stanley Robinson

En tant qu’historien fan de science fiction, l’uchronie est un genre que j’apprécie tout particulièrement. Dans le genre, Chroniques des années noires de Kim Stanley Robinson est vraiment excellent. Le livre décrit l’histoire du monde après que 99% de l’occident chrétien ait été balayé par la peste noire au 14e siècle. A travers une série de personnages se réincarnant et ayant des existences entrelacées on découvre l’évolution des civilisations musulmanes, chinoises, indienne, japonaise, etc. sans l’influence de l’occident.
Au travers de leurs différentes réincarnations, les différents personnages seront des enfants, adultes, hommes, femmes, humains ou animaux mais gardent le cœur de leur personnalité. On retrouve ainsi un révolté, un romantique, un intellectuel qui reviennent de manière récurrente au fil de leurs réincarnations, ne se rappelant de leurs existences antérieurs que lors de leur passage dans le bardo à la fin de leur vie.
Le roman est dense, passionnant et un véritable délire d’érudition historique, mélangeant personnages de notre histoire et spéculation sur les possibilités d’évolution géopolitique alternatives. Au-delà d’un étalage d’érudition stérile qui aurait vite été indigeste, c’est surtout un roman très humain qui se concentre sur l’évolution de l’humanité, l’influence des hommes à l’échelle individuelle, la liberté, la place des femmes dans la société, le rapport entre l’homme et la technologie, et la liberté.
Si vous avez le courage de vous lancer dans cette lecture (c’est une grosse brique assez touffue), allez-y, vous ne serez pas déçu.
Le roman m’a tellement plu que cela me donne envie de me lancer dans sa monumentale trilogie martienne qui m’a l’air tout aussi fantastique.
Pour ceux qui ont lu Chroniques des années noires, je vous renvoie à deux ressources intéressantes, ces notes de lecture, et cette ligne du temps des événements décrits dans le roman.
Juste un détail encore. J’espère qu’un jour les maisons d’édition cesseront de faire des traductions foireuses des titres de romans en anglais. Le titre original est The Years of Rice and Salt, une expression de poésie chinoise que l’on retrouve dans le roman et qui signifie les années noires / de vaches maigres. Les années de riz et de sel, ce n’aurait pas été difficile et éviterait l’impression de retomber dans les pires travers des traductions de titres de films américains dans les années 80’/90’.

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