Le caïd et autres nouvelles de William Faulkner & Blood music de Greg Bear

    Avec le printemps reviennent les petits livres à deux Euros de la collection Folio. De fins livres de poches ultaportables qui permettent de (re)découvrir des auteurs. Là, je viens de terminer le caïd et autres nouvelles de William Faulkner. La nouvelle titre suit l’ascension d’un fermier du sud des Etats-Unis via le trafic d’alcool durant la prohibition. Et ses rêves perdus d’avance de s’intégrer dans la grande bourgeoisie. Le reste des nouvelles quitte le sud torturé cher à l’auteur pour aller se balader en Suisse ou en Angleterre. Ce recueil fait découvrir des facettes peu connues de l’œuvre de Faulkner.
    Je viens de terminer Blood Music de Greg Bear et c’était vraiment bon. Un ouvrage de science fiction, de la hard science fiction pour être plus spécifique. Sans vouloir dévoiler toute l’histoire, on y suit un scientifique qui travaille dans un futur proche sur des ordinateurs cellulaires. Sans prévenir ses employeurs, il crée de cellules intelligentes qui apprennent à coopérer. Une fois ses recherches découvertes ses employeurs l’obligent à détruire le résultat de ses expériences. Il tente de sauver son travail en s’injectant les leucocytes qu’il a créé sur base de ses cellules. A partir de là une épidémie va se répandre et déclancher une apocalypse assez inédite. On est très loin des histoires classiques d’armageddon bactériologiques et plutôt en face de concepts de post et trans humanité, et de singularité technologique.
    Si vous aimez la hard sf, je vous le conseille, j’ai vraiment pris mon pied.

lectures

Je m’étais dis, avec beaucoup de confiance, qu’après chaque livre que j’aurais lu, j’allais poster une petite critique sur GG. Bien entendu c’était un vœu pieu et je me suis retrouvé aspiré dans un vortex de boulot, d’examens et d’absence de mises à jour sur le site. Je rattrape donc mon retard et voici, en vrac, mes dernières lectures :

    Les cavaliers de la pyramide de Serge Brussolo. Il me faudrait bien quelques pages pour parler de Brussolo. Entre lui et moi c’est une vieille histoire de couple. Je le lis depuis plus de quinze ans, avec des hauts et des bas. Brussolo est veritablement un genre à lui tout seul. Il a commencé il y a des années en écrivant des romans de science fiction au fleuve noir, chez Denoël dans la collection présence du futur et chez Gérard de Villiers. C’est la période que je préfère chez lui. Il avait une capacité de production assez incroyable et écrivait un roman quasi tous les deux mois. Le seul problème est qu’il lui arrivait de se rendre compte qu’il était arrivé au bout de son nombre de pages prescrits et il terminait ses histoires en vitesse et en nœud de boudin. Mais dans l’ensemble, il était incroyablement inventif. Ses meilleurs textes proviennent de cette période et il m’arrive de relire certaines de ses perles de cette époque.
    Par la suite, il s’est écarté de la science fiction pour écrire des romans historiques et des thrillers. Ses débuts dans ces genres étaient prometteurs avec des titres comme 3, place de Byzance et sa suite la maison de l’aigle ou le sourire noir. Mais ensuite, malgré que j’aie continué à le suivre, j’aimais moins ses histoires.
    Tout le monde n’est pas de mon avis et certains aiment beaucoup ses derniers romans. C’est peut être une question de goûts ou une lassitude de ma part pour les vieilles recettes et trames narratives de Brussolo. En tout cas, il m’est arrivé plusieurs fois de lire une dizaine de pages de ses derniers romans et de laisser tomber.
    Par contre, ce dernier titre est bien sympa et on y retrouve du Brussolo délirant de ses débuts. Une bonne surprise donc.
    Le château de Franz Kafka. Un classique que je n’avais pas lu. En fin de compte je préfère le procès. On sent que cette œuvre-ci est encore un peu trop inachevée. Kafka ne l’a d’ailleurs jamais terminé. Par contre, je sais que ses œuvres parlent plus de la vie que des administrations qu’il décrit, mais je ne peux m’empêcher de faire la comparaison avec ma situation professionnelle. La vie dans les bibliothèques publiques, ou du moins le chemin pour y rentrer, dépend souvent d’une administration aux décisions assez kafkaïenne…
    Histoire du livre, tome 2 : Le triomphe de l’édition de Bruno Blasselle. Un petit ouvrage documentaire de l’excellente collection Découvertes de Gallimard. Comme la plupart de mes lectures, il vient d’une bibliothèque mais je crois que je vais l’acheter un de ces jours. Je suis en train de me mettre en place un petit fonds de référence sur les livres et bibliothèque.
    Enfin, pour l’instant, je suis en train de lire un recueil de nouvelles de Faulkner, et je vous dirais quoi quand je l’aurais terminé…

Tony Hillerman

Hillerman
Je viens de terminer de lire Dieu qui parle de Tony Hillerman. Hillerman est l’un de ces auteurs dont je lis les ouvrages depuis plus de 15 ans. Il écrit des polars contemporains qui se déroulent dans la réserve Navajo qui s étend entre l’Arizona, l’Utah et le Nouveau Mexique. On y suit les enquêtes du lieutenant Joe Leaphorn et de Jim Chee de la police tribale Navajo. Leaphorn est le protagoniste des premiers romans de Hillerman tandis que Chee apparaît un peu plus tard. Le premier est un policier pragmatique qui respecte les coutumes Navajo, mais n’y voit que des coutumes. Le second est plus jeune et beaucoup plus religieux, parallèlement à son métier de policier, il étudie pour devenir shaman.
L’aspect passionnant de ces romans est que l’on découvre un univers qui nous est souvent inconnu (à moins d’être anthropologue). J’avoue que 95 % de ce que je sais des indiens Navajo, Hopis ou Zuni, je les connais grâce aux romans de Hillerman. Les traditions, la religion, et les cérémonies des indiens de la réserve sont souvent très présent dans ses romans et font partie intégrante de l’histoire. L’alchimie entre les personnages, les histoires et cet univers donne un résultat qui vaut vraiment la peine d’être découvert.
Les livres de Hillerman sont disponibles en français chez Rivages/Noir. Allez jeter un coup d’œil à ce site de fan (en français) pour plus de détails sur l’auteur et son univers, ainsi que pour voir dans quel ordre lire ses romans (toujours mieux pour suivre l’évolution des personnages).
Dernier détail : Hillerman est une star sur la réserve, il y a grandis et a été officiellement reconnu « ami des indiens ». De plus, Myriam, une collègue de la bibliothèque de Jette m’a raconté que l’on trouve ses romans partout dans la réserve, jusque dans la moindre station service où ils remplacent avantageusement les habituels Tom Clancy…

Bolle boeken-books

Je suis tombé sur le site de cette librairie bruxelloise que je ne connaissais pas et j’aime beaucoup ce qu’ils proposent. Les bouquins présentés m’ont vraiment l’air intéressants et la présentation du site est très jolie. On dirait juste qu’ils se sont un peu trop inspirés du design des critiques de livres sur le site de Jason Kottke.
Je sens que je vais aller leur faire une petite visite un de ces jours…

Zen and the Art of Motorcycle Maintenance

Pirsig
J’ai décidé de garder une trace de mes lectures sur GG. Je ne me lance pas dans du retro-catalogage et je commence donc à partir du dernier livre que j’ai lu.
Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes est un roman philosophique écrit en 1974 par Robert M. Pirsig. On y suit un voyage à moto réalisé par l’auteur à travers les Etats-Unis avec son fils Chris et un couple d’amis. Ce voyage est le prétexte à un exposé, un chautauqua donné par Pirsig. L’auteur mélange philosophie et histoire de sa propre vie. On apprend qu’il sort d’un hôpital psychiatrique où son ancienne personnalité (qu’il nomme Phèdre) a été détruite à coups d’électrochocs. Dans son ancienne vie il était un professeur d’anglais et de rhétorique passionné de philosophie. Tout va basculer quand il va se lancer dans l’étude du concept de qualité. A la suite de ses recherches il met en place un système philosophique qui divise la pensée humaine en deux types : romantique et classique. Surtout, il voit en la qualité la force créatrice au cœur de toute chose et qui transcende la dualité traditionnelle entre sujet et objet. Cette quête de la qualité va l’entraîner dans la folie.
Au moment de son voyage, l’auteur est devenu rédacteur de manuels pour ordinateurs. C’est ici qu’entre en jeu l’entretien des motos. Pirsig est un technicien passionné de mécanique, un parangon de la pensée classique. Il veut nous faire comprendre l’importance de la connaissance de la technologie. Mais plus encore il veut faire le lien entre la pensée classique et la romantique. Et veut éliminer la crainte anti-technologique qui va souvent de pair avec la pensée romantique. Pour lui, le Bouddha se trouve au cœur de la moindre vis du moteur d’une moto ou d’un circuit d’ordinateur.
Au fil du livre on se rend compte qu’il veut surtout faire le pont entre Phèdre, son ancien moi romantique, et son nouveau moi classique. Réunies, les deux personnalités seront plus que la somme des parties.
A la suite de ce livre Pirsig a développé ses réflexions pour créer la métaphysique de la qualité. Je ne suis pas d’accord avec toutes ses idées, mais j’aime beaucoup sa philosophie sur le rapport avec la technologie. Le livre a eu beaucoup de succès à l’époque et continue à bien se vendre. Ses idées sur la technologie se retrouvent en filigrane dans la philosophie du net et de certains concepts informatiques. Je suis intimement persuadé qu’il y a un rapport.
Le livre est plus facile à lire qu’un ouvrage de philosophie mais moins qu’un roman classique. Si le sujet vous intéresse, je vous conseille (comme souvent avec les objets importants de la culture contemporaine) d’aller jeter un coup d’œil sur la notice de Wikipedia. Ils reprennent des liens vers un site dédié à la métaphysique de la qualité et vers une collection de photos prises durant le voyage de Pirsig. Je vous rajoute le lien vers le livre sur amazon.com : il est toujours amusant de jeter un coup d’œil aux critiques des lecteurs. Les avis sont très tranchés, les gens adorent ou détestent. Et les avis négatifs sont souvent peu développés : les lecteurs se plaignent de ne rien avoir compris et expliquent que l’auteur doit être fou puisqu’il est passé par des séances d’électrochocs.
En fin de compte, je vous le conseille. Tout n’est pas bon, mais il se peut que vous trouviez le Bouddha entre deux explications sur le démontage d’un moteur.

Update (07/12/2006): voici une excellente interview avec Robert Pirsig.

Richard Kadrey : blind shrike

Richard Kadrey est un auteur de science fiction cyberpunk des débuts du genre. Il a un univers plus punk que cyber et j’avais bien aimé son roman Metrophage qui était sortis chez Présence du futur.
Son nouveau roman, blind shrike est disponible gratuitement en format pdf sous une licence CC. Une bonne initiative.

lot49

L’autre jour, en me baladant à la foire du livre je suis tombé sur ce recueil de nouvelles de Brian Evenson. C’est John qui, ayant collaboré avec Evenson sur le disque Altmann’s Tongue, m’a fait découvrir cet auteur.
Le recueil est paru dans une nouvelle collection des éditions le cherche midi appelée lot49. Le directeur de collection est Claro. Cet auteur et traducteur surdoué nous a offert la traduction de la maison des feuilles de Mark Z. Danielewski, ce qui est un tour de force. La maison des feuilles est un roman à clés bâtis sur des jeux de langage, et Claro a réussi la transposition en français sans l’aide de l’auteur. Je n’ai encore rien lu des livres écrits par Claro mais je vais essayer de m’y mettre quand j’aurais l’occasion.
J’aime beaucoup sa philosophie quand à la collection :

Dès les années soixante, la fiction américaine a vu ses formes et son écriture prendre des chemins et se lancer des défis pour le moins singuliers. Des écrivains aussi différents que William Gaddis, William S. Burroughs, Thomas Pynchon, etc., ont bâti alors des oeuvres souvent ambitieuses, parfois monstrueuses, toujours dérangeantes et jubilatoires. La collection Lot49 – ainsi rebaptisée en hommage au roman de Pynchon, Vente à la criée du lot 49 – a pour ambition de publier les écrivains d’aujourd’hui qui, complices ou héritiers de cet âge d’or, bouleversent à leur tour la donne du langage et l’équilibre chimiquement instable de la narration – sans oublier certains de leurs précurseurs injustement négligés. Se sentant proche d’aventures éditoriales comme celles de McSweeney’s aux Etats-Unis ou Minimum Fax en Italie, et souhaitant laisser le “champ libre” à ces nouveaux iconoclastes, Lot49 se voudrait le vivier chahuteur de ces futures “baleines blanches” de la fiction contemporaine de langue anglaise.

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Anne rice

Anne Rice, la spécialiste des romans (que j’aime beaucoup d’ailleurs) pour midinette Gothique a décidé de prendre une nouvelle orientation. Elle délaisse les vampires pour se consacrer à…. Jésus.
En fait, deux explications sont possibles. Soit elle a été touchée par la lumière divine et elle a décidé de quitter les forces du mal. Soit elle nous prépare un roman avec un Jésus tout droit sortis d’un boys band qui va vivre des amours homosexuelles avec un jeune patricien romain. Une sorte de croisement entre Alix et son cycle des vampires.
J’espère que ce sera la deuxième option. Ca nous donnera l’occasion de voir des hordes de fondamentalistes venir brûler le roman blasphématoire au milieu des Wall-Mart…
Merci John.

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bookcrossing

David m’a fait découvrir une nouvelle activité livresque qui se développe un peu partout : le bookcrossing (site français). L’idée est de lâcher dans la nature un livre que l’on aime et de suivre son cheminement chez les adeptes du bookcrossing :

Les “3 Règles” du BookCrossing…

Lisez un bon livre (vous connaissez la marche à suivre)

Enregistrez le livre (avec vos commentaires) et obtenez un code BCID unique (BookCrossing ID), puis collez-lui une étiquette avec ce numéro

Relâchez le livre afin que quelqu’un le lise (donnez-le à un ami, laissez-le sur un banc public, dans un parc, faites-en don à une œuvre de bienfaisance, « oubliez-le » dans un café…), et soyez prévenus par e-mail chaque fois que quelqu’un vient ici enregistrer un commentaire sur ce livre ! Et si vous faites une Release Note (note de libération), d’autres pourront partir à sa recherche et tenter de le trouver.

Il parait qu’il y a déjà des livres en circulation à Bruxelles, le tout est de les retrouver. Il n’y a pas de site belge et je ne sais pas encore comment faire pour trouver des infos sur les livres relâchés…
Merci David.

Finalement, ce n’est pas bien compliqué, il suffit de cliquer sur « go hunting » et de choisir la Belgique puis Bruxelles…